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Maladie de Verneuil : prise en charge

 

La maladie de Verneuil, ou hidrosadénite suppurée, est une affection chronique et inflammatoire des follicules pileux occasionnant des nodules douloureux et des abcès. Les zones du corps avec beaucoup de glandes produisant de la sueur (glandes sudoripares apocrines), c’est-à-dire les grands plis (aisselles, plis inguinaux, région périnéale, etc.) sont les régions du corps les plus affectées par la maladie de Verneuil1 (Figure 1).

Figure 1 – Localisations principales de la maladie de Verneuil (© Elsevier)

Elle impacte considérablement la qualité de vie des patients en raison des douleurs, des abcès récurrents et des cicatrices invalidantes, sans compter les conséquences psychologiques lourdes1,4. Cet article examine les données épidémiologiques ainsi que les différentes méthodes de prise en charge de la maladie de Verneuil.

Épidémiologie

  • Prévalence mondiale estimée à 1 %1,3, et entre 1 et 1.5% en France1. Les femmes sont trois fois plus touchées que les hommes, avec une prédominance chez les 20-40 ans1,2
  • Facteurs de risque : obésité, tabagisme, antécédents familiaux, déséquilibres hormonaux1,4
  • Taux de récidive élevé même après certains traitements, avec des taux pouvant varier entre 20 et 60 %
  • L’incidence est sous-estimée en raison d’un retard de diagnostic moyen de 8 ans après les premiers symptômes (impliquant potentiellement une phase d’errance thérapeutique)1,3

Système de classification

Afin d’uniformiser la prise en charge d’un patient atteint de la maladie de Verneuil, un système de classification a été mis en place, appelé la classification de Hurley.

Bien qu’il existe aujourd’hui d’autres classifications, celle de Hurley reste utilisée en pratique, puisqu’elle est simple à utiliser et reproductible1,4.

La classification de Hurley repose sur la sévérité des lésions et comprend trois stades1,4. Le stade I (le plus bas) inclus les lésions légères et peu étendues, tandis que le stade III (le plus élevé) inclus les lésions diffuses avec fistules et abcès multiple

Prise en charge médicale et chirurgicale

La méthode de prise en charge dépend du stade de Hurley. Le stade I peut simplement nécessiter un traitement médical, tandis que les stades II et III incluent en plus un traitement chirurgical1,5.

1. Traitements médicaux :
Antibiotiques : Indiqués dans les stades précoces et en cas d’infection bactérienne associée (usage fréquent de clindamycine/rifampicine ou de tétracyclines)2,6

Biothérapies2,3 :
-Adalimumab (anti-TNF-α), Sécukinumab et Bimekizumab (anti-IL17) sont les seuls traitements approuvés par la HAS spécifiquement pour la maladie de Verneuil.
-Autres biologiques : des inhibiteurs (IL12/23, IL17, etc.) sont à l’étude4,5, ou ne sont pas encore approuvés par la HAS.

2. Chirurgie1,2,3,4:
A. Méthodes chirurgicales :

  • Excision locale et deroofing (Figure 2) : intervention pour les lésions de taille limitées, avec un taux de récidive de 20 à 50 %4.

Figure 2 – Excision locale d’une lésion de maladie de Verneuil

  • Excision large (Figure 3) : Approche curative visant à retirer toutes les zones affectées. Cette méthode a le taux de récidive le plus bas (0 à 15 %)1.

 

Figure 3 – Excision large

 

B. Prise en charge après excision chirurgicale :

  • Cicatrisation dirigée : méthode la plus utilisée en pratique en France1,2,4,5.
  • Greffe cutanée : en général utilisée en complément de la cicatrisation dirigée4.

3. Traitements adjuvants :

  • Laser épilatoire NdYAG : Envisageable à visée préventive4,5
  • Traitements topiques : Rétinoïdes ou agents antiseptiques4

Recommandations et suivi

  • L’approche multidisciplinaire entre chirurgiens plastiques, dermatologues, spécialistes digestifs (notamment pour explorer une éventuelle maladie de Crohn) est essentielle1,2,3,4
  • Une éducation thérapeutique du patient, associée à des ajustements du mode de vie (arrêt du tabac, perte de poids), est cruciale pour prévenir les récidives1,4

Conclusion

La prise en charge de la maladie de Verneuil reste complexe et nécessite une approche personnalisée. Les avancées récentes, notamment dans les biothérapies, offrent de nouvelles perspectives, mais la chirurgie demeure incontournable dans les cas avancés. La phase post-chirurgicale, avec notamment la prise en charge de la plaie, est primordiale afin de prévenir les complications et d’assurer une cicatrisation optimale5.

Toutefois, des efforts supplémentaires en matière de recherche et de sensibilisation des patients restent nécessaires pour améliorer la prise en charge.

 

Références

  • 1 - Ezanno A.C., Guillem P., Gorin C. et al. Que doit connaître le chirurgien sur l’hidradénite suppurée ? Journal de Chirurgie Viscérale. 2023 ; 160(6):487-499
  • 2 - Offidani A., Marzano A.V., Peris K. et al. Guidelines How to Integrate Surgery and Targeted Therapy with Biologics for the Treatment of Hidradenitis Suppurativa: Delphi Consensus Statements from an Italian Expert Panel. Dermatology. 2024 ; 240(5-6):885-896
  • 3 - Marzano A.V., Magnoni C, Micali G. et al. Improving hidradenitis suppurativa management : consensus statements from physicians and patients' perspectives. Archives of Dermatological Research. 2024 ; 316(8):577
  • 4 - Bertolotti A., Sbidian E., Join-Lambert O. et al. Recommandations françaises sur la prise en charge de l’hidradénite suppurée. Annales de Dermatologie et de Vénéréologie – FMC. 2022 ; 2(3):170-182
  • 5 - Zouboulis C.C., Bechara F.G., Benhadou F. et al. European S2k guidelines for hidradenitis suppurativa/acne inversa part 2: Treatment. Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology. 2024 ; 39(5):899-941

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