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Le kyste sacro-coccygien ou Sinus pilonidal

 

Le sinus (ou kyste) pilonidal, également appelé kyste sacro-coccygien, est une affection fréquente en chirurgie digestive et proctologique.

Il s’agit d’une fossette (ou cavité) contenant des poils et des débris cutanés, le plus souvent localisée au niveau de la région sacro-coccygienne (Figure 1). Cette pathologie peut se présenter sous forme aiguë (abcès) ou chronique (sécrétion purulente ou séro-purulente par une fossette). Bien que bénigne, son impact sur la qualité de vie des personnes atteintes est significatif2.

Figure 1 – Localisation du sinus pilonidal

Cet article explore les données épidémiologiques, les traitements possibles et les recommandations actuelles pour sa prise en charge.

Épidémiologie

  • La prévalence mondiale du sinus pilonidal est estimée à environ 0,7 %, avec 26 nouveaux cas pour 100 000 habitants dans le monde. Elle est plus fréquente chez les hommes (ratio 3:1) principalement entre 15 et 30 ans1,2.

 

  • Les facteurs de risque sont : une pilosité marquée, une peau grasse, un surpoids/obésité, un sillon inter-fessier profond, un manque d’hygiène, des frottements répétés, une position assise prolongée régulière ainsi que des antécédents familiaux1,2,3.

 

Prise en charge

Il n’existe à ce jour aucun consensus sur la prise en charge du kyste pilonidal1,4. Le traitement dépend de la sévérité des lésions, et d’une discussion préalable avec le malade pour lui présenter les avantages et inconvénients de chaque option1.

1-Traitement d’urgence :

En cas d’infection du kyste pilonidal, une évacuation en urgence du pus est nécessaire afin de soulager la douleur et limiter la progression de l’infection1,2,4.

Une incision sous anesthésie locale est réalisée pour évacuer le pus, puis un traitement chirurgical définitif pourra être envisagé ultérieurement en cas de récidive ou suppuration chronique1,2.

2-Traitement chirurgical :

Il convient de séparer les traitements chirurgicaux « classiques » des traitements conservateurs (ou mini-invasifs)

-Chirurgie classique

  • Exérèse avec plaie ouverte et cicatrisation dirigée (Figure 2) : méthode la plus utilisée en France1,2,4, avec un taux de récidive à moins de 5%1. La cicatrisation dure en général 2 à 3 mois et nécessite des pansements infirmiers quotidiens1,2.

Figure 2 –Exérèse avec plaie ouverte du sinus pilonidal

  • Exérèse avec fermeture paramédiane : nettement plus employée que la fermeture médiane (car le risque de complications par voie médiane est trop élevé)1,5. Il existe différentes techniques1,3,4,5 (Figure 3), comme celles de Karydakis ou de Bascom, ou les fermetures asymétriques (en V-Y, en Z, ou lambeau de Limberg).

Figure 3 – Exemples de techniques chirurgicales d’exérèse avec fermeture paramédiane. A gauche une suture paramédiane asymétrique, à droite un lambeau de Limberg.

Le taux de récidive est en revanche assez élevé : jusqu’à 45 %2.
De plus, cela entraîne une modification esthétique (sillon inter-fessier en « Z »), et peut occasionner des complications graves (infections ou désunion de paroi)1,2,3.

 

-Traitement mini-invasif

Traitement laser1,2,4 (SiLaC) : technique prometteuse (plus rapide et avec un taux de récidives important) pratiquée dans d’autres pays européens mais encore émergente en France. Une sonde laser brûle le/les trajets fistuleux après les avoir curetés. Nécessite cependant à ce jour plus de preuves et d’études pour une utilisation plus régulière en France2,3,4.

Le chirurgien décide en fonction des avantages et inconvénients de chaque technique.

 

Recommandations et suivi

  • Un accompagnement rigoureux par des équipes infirmières, avec changement de pansement quotidiennement, est primordial en vue d’une guérison définitive1,2,3.

 

  • Des ajustements du mode de vie (perte de poids, maintien d’une bonne hygiène, arrêt du tabac) sont essentiels pour favoriser la cicatrisation et prévenir les récidives4,5.

 

Références

  • 1 – Denis J. et al. Le Kyste pilonidal. Société Nationale Française de Colo-Proctologie. 2022
  • 2 –Spindler L. Tout savoir sur le kyste pilonidal. Post’U FMC-HGE. 2024 ; 275-284
  • 3 – La Torre V. Le kyste pilonidal. Revue Francophone de Cicatrisation. 2018 ; 2(1):35-42
  • 4 – Ojo D. et al. European Society of Coloproctology guidelines for the management of pilonidal disease. British Journal of Surgery. 2024 ; 111(10)
  • 5 – Huurman E.A. et al. Dutch national guideline on the management of intergluteal pilonidal sinus disease. British Journal of Surgery. 2024 ; 111(12)

Pour en savoir plus sur la cicatrisation dirigée des plaies, découvrez notre page le saviez-vous dédiée.